Aujourd’hui, le Book Club met à l’honneur deux primo-romancières. Les livres de Dalya Daoud et d’Anaëlle Jonah, en dépliant mémoires collectives et individuelles, parlent de la France métropolitaine et de celles et ceux qui ont quitté le Maghreb, ou l'Ile de la Réunion pour la peupler et y vivre.
Avec
- Dalya Daoud écrivaine
- Anaëlle Jonah écrivaine
Il est toujours intéressant de regarder l'émergence de nouvelles voix en littérature, d'abord pour leurs langues, mais aussi pour les sujets dont s'emparent les premiers romans. En l'occurencenous réunissons cet après-midi deux primo-romancières qui parlent de la France. Cette France peuplée, repeuplée par des familles ou des enfants venus d'ailleurs et face à qui la promesse républicaine a vacillé. Dans le roman de Dalya Daoud, la géographie est indéterminée, c'est la périphérie, c'est la ruralité, c'est une usine, un lotissem*nt, autant de lieux comme point de départs pour raconter celles et ceux qui y habitent. Tout en travaillant l'épaisseur du temps, chaquechapitre portant le titre d'un endroit et d'une date, Dalya Daoud raconte la France des années 90 à travers plusieurs personnages.En revanche, dans le roman d’Anaëlle Jonah, la géographie est plus précise, on est dans la Creuse, ou plutôt entre la Creuse où vivent des enfants, et l'Ile de la Réunion de laquelle ils furent arrachés. Une histoire peu connue, sur laquelle revient le texte, en suivant les pas d'une femme revenant sur les traces de cet arrachement premier.
Le livre de Dalya Daoud Challah la dansea paru aux éditions Le Nouvel Attila.
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Danse avec tes chaînes d’Anaëlle Jonaha paru aux éditions Fayard.
**La question de Gladys (@les.lectures.de.Gla10 à l’attention d’Anaëlle Jonah: "**J'ai découvert votre plume cet été, en lisant Danse avec tes chaînes que j'ai adoré. Au-delà de l'histoire qui est passionnante, ce qui m'a bouleversée, ce sont les extraits de poèmes qui sont intégrés dans le récit. J'ai trouvé qu'ils étaient vraiment très touchants, très émouvants, au point que j'ai cherché ce fameux poète réunionnais que je ne connaissais pas, Joseph Gosse, pour pouvoir acheter un recueil de ses poèmes. Au fil de mes recherches, j'ai découvert que vous étiez également poétesse. Qu'est-ce que la poésie vous avait permis d'exprimer de plus que l'écriture narrative?"
Anaëlle Jonah répond: "La poésie permet d'aller vraiment au-delà du narratif, de parler des émotions. C’est un genre que j'apprécie particulièrement. De plus, je voulais que les deux personnages dialoguent, et même si leurs chemins finissent par se séparer, ils se retrouvent par les mots. Donc, il y a d'un côté le roman, de l’autre la poésie. Je trouvais intéressant de faire se rencontrer ces deux façons de s'exprimer."
La question d’Aurélie (@librairielinsomnie) à l’attention de Dalya Daoud: "Votre premier roman est très immersif. Vous nous plongez dans l'atmosphère du lotissem*nt.Ce que j'ai aimé dans votre roman, c'est sentir l'effervescence, la vie qui transparaît. Et puis j'ai aussi beaucoup ri. C'est un roman qui est à la fois juste et authentique. Pourtant, alors que vous situez votre roman géographiquement, vous ne donnez pas le nom du lieu, du village où se passe l'intrigue. De la même façon, avec malice, vous modifiez le nom de certains lieux: L'arbrelle devient l'arbrule, Saint-Belle devient symbole. Pourquoi avez-vous fait ce choix?"
Dalya Daoud s'explique: "J'ai eu besoin de modifier certains noms de petit* patelins qui entourent le village que j'ai créé avec un V majuscule, tout simplement pour entrer en fiction. Mais, j'avais aussi besoin d'être dans un paysage dans lequel je me sens à l'aise en pensée. Donc, ce sont effectivement les monts du Lyonnais où j’ai grandi, mais j'avais besoin de m'éloigner de la topographie réelle pour en recréer une. En revanche, je garde les noms des grandes villes alentours, comme Lyon, Saint-Etienne, ou Givors, parce que je crois que l'histoire de ces adolescents, ceux qui, à mon avis, sont centraux dans le roman, n'aurait pas été la même si elle avait eu lieu en Bretagne, ou dans la Drôme. Le fait d'être dans ces paysages vallonnés, assez ennuyants, crée quelque chose dans l'écriture et les relations qu'ils nouent entre eux."
Le grand jeu des pages musicales
Aujourd’hui, la trouvaille se trouve dans le livre de Dalya Daoud, Challah la danse(Le Nouvel Attila)
Archives
Michel Debré, à la Réunion, JT 20H, 01/04/1966, source INA
Allocution de Jacques Chirac, 19 juin 1991, source youtube
Références musicales
Alain Peters, Mangé pou le coeur
Johann Berby, Zespri l'amour
Ahmed Malek & Flako, Tape 27 Track 3
Ellen Reid, Fear/ Release
Lia Kohl, Like time
Idir, A Vava Inouva
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